La situation des gérants d'auto-écoles traditionnelles
L’enseignement de la conduite connaît un chamboulement important depuis plusieurs années, et ce aussi bien pour les auto-écoles traditionnelles que pour les élèves, dont les attentes ont considérablement évoluées.
Le marché de la formation à la conduite
Les revenus des auto-écoles traditionnelles reposent historiquement sur la formation au code de la route ainsi que les cours de conduite. Or, le marché de la formation à la conduite du permis B connaît un chamboulement important.
Une baisse de la formation à la conduite
Pour les jeunes de 15 à 24 ans la voiture devient de moins en moins indispensable pour se déplacer. En effet, depuis une dizaine d’années le maillage territorial des réseaux de transport s’est considérablement amélioré notamment grâce au développement du train (TGV et TER) ou encore des lignes de bus nationales. A cela s’ajoute des nouveaux moyens de se déplacer tel que le co-voiturage qui est particulièrement plébiscité par les jeunes.
On constate donc depuis 2014 une baisse du nombre de candidats au permis de conduire chaque année - de l’ordre de 1 à 3% par an. Parallèlement, il y a eu une forte augmentation du nombre d’auto-écoles traditionnelles en France.
L’évolution de la formation au code de la route
Le modèle de formation au code en salle n’est plus la référence en France. Certes, il est encore indispensable pour certains élèves, qui sont moins autonomes ou maîtrisent moins la langue française, d'être formés en salle : ils peuvent ainsi bénéficier de l'accompagnement d'un moniteur d’auto-école. Cependant, la majorité des élèves révise aujourd'hui la formation théorique en ligne. En effet, celle-ci est à moindre coût et sans contrainte de déplacement jusqu'à la salle. Par conséquent, les gérants vendent globalement moins de formations au code en salle et ont une marge faible sur la vente des formations théoriques en ligne. Or, la vente de formations au code représentait une source importante de revenus pour les gérants d’auto-école. cette situation est encore plus problématique pour les gérants des auto-écoles traditionnelles des zones rurales, pour qui la formation théorique représentait une part relativement plus importante de leurs revenus.
Un marché saturé
Tandis que la demande de cours de conduite baisse légèrement, on remarque, depuis quelques années, une augmentation du nombre d’auto-écoles traditionnelles. En effet, entre 2008 et 2016, il y a eu une hausse de 27% du nombre d’auto-écoles traditionnelles en France. La concurrence locale a donc considérablement augmenté partout en France. Cette situation contraint les auto-écoles traditionnelles à enclencher une guerre des prix : les marges dégagées baissent considérablement. Les petites auto-écoles traditionnelles souffrent davantage que les autres car elles dépendent essentiellement du permis B et parce qu'elles ont plus de mal à mutualiser certains coûts comme peuvent le faire les plus grosses auto-écoles traditionnelles.
Un système obsolète
En plus d’une saturation du nombres d’auto-écoles traditionnelles en France, les problèmes structurels du secteur persistent. Les gérants d’auto-école doivent faire face à un système devenu obsolète.
Une hausse des coûts de structure
Les coûts de structure d’une auto-école traditionnelle sont historiquement importants :
- location ou achat du fonds de commerce
- Mobilier du local
- Expert comptable
- Outil tel que Printel
- voiture (achat ou location)
- assurances RC Pro et véhicule double-commande
- charles sur les salaires (enseignants ou assistants s’il y en a)
- charges fiscales et sociales
- carburant
Ces charges ont fortement augmenté au fil des années, telles que le carburant ou encore la location du local (notamment dans les zones urbaines). Il est de plus en plus difficile pour les gérants d’auto-école de rentabiliser leurs coûts de structure.
Un système opaque d’attribution des places à l’examen
Historiquement, le système d’attribution des places à l’examen favorise les injustices : parce qu'il manque d’inspecteurs en France, le nombre de places administrées à chaque auto-école traditionnelle est plafonné.Pour autant, certains gérants prennent de nouveaux élèves continuellement, alors qu'il y a un goulot d'étranglement au niveau du passage à l'examen. Cette expérience peut créer de la frustration chez l'élève. Notamment dans les zones urbaines pour qui les délais sont très longs. Aujourd'hui, seules quelques grandes auto-écoles avec de très nombreuses places d'examens tirent leur épingle du jeu.
Un travail administratif chronophage
Les gérants des petites auto-écoles traditionnelles passent une bonne partie de leur temps à s'occuper de tâches administratives lourdes, telles que :
- les démarches auprès de l'ANTS ;
- les démarches auprès de la DDT
- la facturation et relances paiement ;
- la gestion de la comptabilité avec l’expert comptable ;
- les démarches administratives contraignantes pour ceux qui cherchent à labelliser leur auto-école, etc.
Un travail commercial lourd
Au niveau commercial, les gérants d'auto-écoles traditionnelles doivent sans cesse attirer les élèves à tout prix. Cela repose en partie sur l’emplacement de l’agence mais aussi sur de nombreuses actions qui doivent être effectuées par le gérant très régulièrement :
- avoir des prix compétitifs
- relancer les élèves pour “réactiver” la formation
- relancer les candidats et/ou parents pour le paiement des cours de conduite effectués
- justifier en permanence les prix auprès des candidats et des parents
Tout ce travail prend du temps et beaucoup d'argent. Un certain nombre de gérants, et notamment les gérants des petites auto-écoles traditionnelles, gagneraient à utiliser des moyens modernes pour assurer la partie commerciale de leur activité et se décharger ainsi d'un certain nombre de tâches à ce niveau